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3.2.1. L’information dépendante de l’opinion : l’affaire Dreyfus et la presse

Éléments de correction

1/ Un contexte politique tendu à la fin du XIXe s. et au début du XXe s.

D’une banale affaire à une Affaire mondiale : comment expliquer cet « emballement » ?
C’est l’enquête menée par le capitaine Picquart (1896) qui révèle une « erreur judiciaire » (pour mémoire, on est dans le cadre d’une justice militaire). Jusque là, tout va bien.
Mais l’armée refuse de reconnaître son erreur et va même plus loin en fabriquant de fausses preuves (forfaiture) : là commence vraiment l’affaire.

Avec le procès du vrai coupable, le colonel Estherazy qui se termine par son acquittement le 11 janvier 1898, l’affaire devient :

Point n° 1 : une affaire d’État (donc une affaire à l’échelle nationale).

  • Car c’est l’armée en tant qu’institution qui est mise en cause, or en 1898 l’armée est certes légaliste, mais pas complètement républicaine.
    La raison d’État
    (pour ne pas braquer l’armée contre la République) pousse à accepter de sacrifier Dreyfus, quitte à trouver un arrangement ensuite.
  • Au cœur des débats sur « l’honneur de l’armée », on trouve une interrogation sur la nature de la nation française. Les antidreyfusards, quand ils défendent l’armée, ne défendent pas la République mais la Nation française.
    Or leur conception de la nation, qu’on appelle nationalisme, est xénophobe, raciste et antisémite. La nation des nationalistes n’est pas celle des droits de l’homme,
    mais celle de la « race » française (le sang français) : catholique, traditionaliste, militariste, autoritaire.
    Elle est opposée à la notion de nation telle qu’elle a été formulée en 1789 (Révolution française).

Point n°2 : une affaire internationale et mondiale

  • Ce qui fait de l’affaire Dreyfus une affaire de dimension mondiale, c’est sa composante antisémite.
  • Partout en Europe, la montée des nationalismes pose la question de la place des juifs en tant que nation dans la nation d’Europe qui est la leur (France, Allemagne, Autriche, Russie…).
  • Cependant, et c ‘est un facteur aggravant, l’antisémitisme nationaliste n’est pas le seul antisémitisme.


>> l‘antisémitisme chrétien (ou anti-judaïsme) tout au long du Moyen-Âge (base de la haine : la religion, Jésus tué par les juifs, Judas…) 
>> l’antisémitisme des Lumières (Voltaire) au nom de leur supposée haine de la civilisation et du progrès, de leurs liens (supposés) avec l’occultisme
>> l’antisémitisme d’une partie des socialistes au XIXe s. au nom de l’anticapitalisme (extrême gauche)

et donc …
>> l‘antisémitisme des nationalistes au nom de la pureté de la race, donc un antisémitisme racial et raciste (extrême droite). Ces mêmes nationalistes rejettent aussi les « ritals », les « pollacks », les « espingouins », les « portos »… mais là on met en avant le mode de vie, pas la race.

C’est cette dimension antisémite de l’affaire Dreyfus qui la fait passer de la dimension nationale à une dimension mondiale : on sait qu’elle est à l’origine de la formulation de la doctrine sioniste par Theodor Herzl (1898).

On sait que le projet central du sionisme, c’est la fondation d’un État juif en Palestine (1948).


2/ « J’accuse…! » : un écrivain s’engage pour alerter « l’opinion publique » sur une injustice

Corrigé :

3/ De l’information à la propagande antisémite :

  • un titre, une accroche sous forme de révélation d’un secret, d’une vérité dissimulée (aux braves gens)
  • un traitre : un des nôtres qui a trahi, qui est passé à l’ennemi ; le traitre est pire que l’ennemi
  • des ennemis repoussants physiquement, animés de très mauvaises intentions, reconnaissables mais interchangeables (ils se ressemblent tous)
  • un fond de vérité (des faits avérés) car pour faire un bon mensonge, il faut y inclure une part de vérité
  • des mots simples, dans un registre adapté au propos (ici l’armée) et facilement compris par le public cible
  • un slogan simple, facile à mémoriser, facile à répéter et à faire circuler
  • une caution officielle et scientifique

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