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2.2.2.+ / OpenAI versus Sam Altman

OpenAI – actualité – 21 novembre 2023 –
https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/11/21/openai-microsoft-tente-de-retourner-la-crise-a-son-avantage_6201457_3234.html

OpenAI : Microsoft tente de retourner la crise à son avantage

par Alexandre Piquard


Le géant des logiciels, partenaire et actionnaire de l’entreprise créatrice de ChatGPT, se dit prêt à embaucher le cofondateur d’OpenAI limogé, Sam Altman, ou à le réhabiliter au sein de la start-up.

L’ancien directeur général d’OpenAI, Sam Altman, participant au sommet annuel de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique, à San Francisco, le 16 novembre 2023.

Dans la crise à OpenAI, Microsoft est-il un gagnant ou un perdant ? Principal partenaire et actionnaire extérieur de la structure, le géant du logiciel joue très gros. Mardi 21 novembre au matin, le point final n’était pas encore écrit dans le chaotique feuilleton ouvert vendredi avec l’éviction surprise de Sam Altman, le cofondateur et directeur général de la start-up la plus en vue dans l’intelligence artificielle (IA). Ce dernier pourrait être embauché chez Microsoft, avec d’autres employés de l’entreprise à l’origine de ChatGPT. Mais il travaillait aussi à un possible retour chez OpenAI, a révélé le site d’information américain The Verge.

« Peu importe où Sam Altman sera, il travaillera avec Microsoft », a relativisé Satya Nadella, le président-directeur général de Microsoft, sur Bloomberg TV, se posant comme seul acteur visible à la télévision de ce drame à huis clos. « Je suis ouvert aux deux options », a-t-il ajouté, sur CNBC. « A l’évidence, nous voulons que Sam [Altman] et Greg [Brockman, autre cofondateur qui a démissionné après la mise à l’écart du directeur général] aient un endroit fantastique où s’installer s’ils ne sont pas à OpenAI », a-t-il expliqué. Quant à un retour du patron déchu dans la start-up, « c’est à son conseil d’administration et à ses dirigeants de décider », a jugé M. Nadella, tout en prévenant : « Il est clair que quelque chose doit changer dans la gouvernance d’OpenAI. »

A OpenAI, ont lieu d’« intenses discussions » en vue de réunifier l’équipe, ont écrit les dirigeants lundi soir, dans un mémo interne évoqué par Bloomberg. Mais M. Altman, comme le conseil d’administration, n’étaient « pas encore prêts à donner une réponse finale ». Selon une source citée par le Financial Times, les membres du conseil à l’origine du départ de M. Altman restaient assez fermes. A l’inverse, un des fonds actionnaire d’OpenAI menaçait de contester son limogeage, par une action judiciaire.

« Un coup de poker qui restera dans la légende »

Pour Microsoft, cette pièce a plutôt commencé en tragédie : vendredi, le géant du logiciel a appris à la dernière seconde le renvoi du directeur général de la structure dans laquelle il a pourtant investi 13 milliards de dollars (11,8 milliards d’euros) depuis 2019. Et dont les modèles d’IA, capables de générer des textes et des images, ont été largement déployés dans ses logiciels, dont Office. Détenteur de 49 % de la société à but lucratif créée en 2019 par OpenAI, la firme de M. Nadella n’a pourtant aucune influence sur le conseil de la structure à but non lucratif qui la contrôle. Ce dernier a jugé la stratégie de M. Altman trop tournée vers le développement à court terme de produits commerciaux (comme ceux de Microsoft). Pire, malgré des manœuvres intenses de M. Nadella pour réhabiliter le directeur général, le conseil a nommé lundi matin un remplaçant, Emmett Shear, partisan de « ralentir » les recherches en IA.

Dans la foulée, Microsoft a semblé réussir un retournement de situation spectaculaire, suscitant des commentaires admiratifs dans le secteur de la tech. M. Nadella a d’abord annoncé l’embauche de MM. Altman et Brockman, puis 700 des 770 employés d’OpenAI ont signé une lettre menaçant de les rejoindre si le conseil ne démissionnait pas et ne ramenait pas M. Altman. « Microsoft a tout emporté avec un coup de poker qui restera dans la légende. Microsoft est dans une position encore plus forte qu’avant dans l’IA », a salué l’analyste Dan Ives, de Wedbush Securities.

La réalité est probablement entre les deux : si M. Altman et une part de son équipe rejoignent Microsoft, il leur faudra un peu de temps pour créer des logiciels de haut niveau. Microsoft conservera l’usage des modèles d’OpenAI, mais ce dernier sera affaibli. Et la vive concurrence de Google, d’Anthropic ou de Meta risque de se renforcer. Le géant du logiciel risque de devoir augmenter encore ses investissements gigantesques en capacité de calcul (50 milliards de dollars, selon le média SemiAnalysis) et arbitrer l’usage de ces ressources entre les deux équipes. Il faudra aussi intégrer dans un géant de 220 000 employés une équipe de start-up et l’entrepreneur Altman, actionnaire d’entreprises, dans la tech, la biotech, l’énergie…

Si M. Altman retourne chez OpenAI, il faudra restaurer l’image et la gouvernance, mais aussi investir davantage, comme l’a souhaité M. Altman dans le Financial Times. En effet, les grands modèles d’IA sont très coûteux à entraîner et à opérer (les services déployés dans les logiciels Microsoft, comme ChatGPT, seraient déficitaires). Tout le secteur – et Microsoft – cherche des alternatives, dont des modèles plus petits ou des puces maison, pour réduire les coûts.

Enfin, si Microsoft prend davantage le contrôle d’OpenAI, il pourrait renforcer les inquiétudes sur la mainmise des géants du numérique sur l’IA. Et attirer l’attention des autorités antitrust, qui avaient tenté de bloquer son rachat de l’éditeur de jeux Activision.

Alexandre Piquard


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